Juste pour dire que je viens de rentrer de vacances et que je vais reprendre l'écriture.
C'est dur de reprendre...
Bonjour, cela fait un moment que j'y pense... mais bon, j'ai décidé de sauter le pas : Je vais écrire en ligne. La lecture est séparée en chapitres, chaque chapitre est numéroté et est lisible dans les archives. Je vous souhaite une excellente lecture, et un petit commentaire fait toujours plaisir, n'hésitez pas !
mercredi 5 septembre 2012
mardi 17 juillet 2012
13 - Marianne "La Rouge"
[Note de l'auteur : Bonjour à tous ! pour ce chapitre, il y a une petite surprise ! un dessin fait par une personne rencontré sur un forum d'art. Bonne lecture, et n'hésitez pas à commenter, que ce soit l'histoire ou le dessin !]
Dessin de Nokomo Chéongre |
L'impression que me laissa Marianne à
notre première rencontre fut assez mauvaise. Si j'avais su les raisons qui
l'avaient mise dans cet état d'esprit, peut-être que cela m'aurait rendue plus
tolérante. Alors que nous montions les escaliers en bois qui grinçaient sous
nos pas, derrière la porte, je remarquais qu'à aucun moment Jocelin ou Marianne
n'avaient été appelés par leurs noms. Ils y avaient fait références en parlant
de ''L'argenté'' pour Jocelin et de ''La Rouge'' pour Marianne. Je n'eus pas le
temps de le questionner sur le sujet : il avait déjà frappé à la porte qui
se trouvait en haut des escaliers. Comme les murs qui nous entouraient, la
porte avait vieilli. La peinture verte s'était écaillé et laissait des parties
du bois apparentes.
« - Entrez. » Fit une voix
féminine sur un ton neutre.
Nous pénétrâmes alors dans une immense
bibliothèque. Les livres qui y étaient rangés étaient très vieux... je vis même
des rouleaux de papyrus et des parchemins. Malgré l’âge, tout était rangé et propre. Au fond, dans une véranda, à
la lumière d'une lampe électrique, une femme lisait un livre. La véranda était
remplie de mobilier en osier. Deux chaises et une petite table, Sur des supports
forgés, des plantes tropicales et pleines de vie trônaient. Au sol, les
carreaux de carrelage blancs et noirs, usés, détaillaient avec force la
quantité de passage que cette pièce avait pu avoir. Marianne était là, assise
sur l’une des chaises en osier, un livre ouvert posé devant elle. Elle avait
été contemporaine des croisades, et je m'étais attendue une vieille femme
acariâtre, suffisamment puissante pour terrifier toutes les personnes dans le
bar en bas. Mais la femme que j'avais sous les yeux devait avoir le même âge
que moi, peut-être un peu plus âgée. Elle était blanche de peau, et ses longs cheveux
blonds aussi dorés que les blés glissaient dans son dos comme une cascade. Cette
beauté et cette santé contrastait énormément avec ses yeux marrons, vides de toute
joie de vivre, qui regardaient au travers de lunettes carrées avec une monture
discrète. Elle portait une robe d'été, blanche et légère, et des souliers
blancs eux aussi, telle une mariée oubliée dans un jardin intérieur.
« - Tiens ?! Jocelin.... Cela
fait un moment que je ne t'ai pas vu.
- Bonsoir Marianne.
- Tu viens pour moi ? C'est une charmante attention.
- Je viens juste chercher des réponses.
- Dommage... »
Une petite trace de déception passa sur
son visage, vite remplacé par un intérêt pour moi. A peine ses yeux croisèrent
les miens que je ressentis une puissance énorme. Comme si j'avais été à côté
d'une arme atomique prête à exploser. Des flammes, du souffre, et du sang,
c'était les impressions telles qu'elle me les laissait.
« - Qui est-ce ?
Demanda-t-elle froidement.
- Une amie qui m'accompagne. Nous avons tous les deux besoins de
réponses sur son état.
- Pour ton amie donc ? Qu'est-ce qui te dis que je vais accepter de
t'aider ?
- Je suis prêt à payer.
- Payer pour elle ? Sérieusement ? Bravo, tu viens de me
convaincre de vous mettre dehors...
- J'ai mes raisons, mais pas celles que tu imagines.
- Et tu serais prêt à payer pour cela ?
- Oui. »
Elle me regardait désormais, comme on
observe un morceau de viande froide alors que l’on vient de manger. L'énergie
que je ressentais, avec son attitude glacée me tétanisait. Je n'arrivais pas à ôter
ces images de feu et de sang de mon esprit. Je fus alors persuadée que ce
n'étais pas une simple médium. Si elle n'avait pas trouvé un intérêt à ce que
j’avais dit, j'aurais probablement été tuée.
« - Et comment vous appelez-vous
jeune fille ? Commença-t-elle.
- Lena, répondis-je.
- Alors, quel est votre problème ?
- Je suis poursuivie par des démons. Répondis-je en imaginant être face
à une psychiatre.
- Ça, je ne peux rien y faire. C'est la conséquence de la rupture de
votre âme.
- Comment est-ce que...
- Je le sais ? Finit-elle ma phrase. Pour commencer, je connais
Jocelin depuis suffisamment longtemps pour savoir qu'il n’amènerait personne
d'autre ici. Ensuite, je vous sens... »
Un démon, j'avais en face de moi un
démon, je fus terrifiée à cette pensée. Je ne savais vraiment pas ce dans quoi
Jocelin m'avait emmenée, mais j'étais vraiment inquiète sur la finalité de
cette entrevue.
« - Ce n'est pas le problème...
coupa Jocelin. Le problème c'est qu'elle en a des puissants à ses trousses, et
ils ont essayé de s'en débarrasser avant que son âme ne se soit
reconstruite. »
A ces paroles, la femme leva un
sourcil. Elle s'installa un peu mieux dans son siège avant de sortir un paquet
de cigarettes. Elle en prit une, et, après avoir claqué des doigts, une flamme
apparue au bout du pouce de son poing serré. La cigarette allumée, elle fit
disparaître la flamme en secouant sa main.
« - En effet, c'est étrange...
Est-ce que tu as des noms ?
- Alibaras et Azraël.
- Oulla.... Alibaras est dangereux. Mais Azraël, un prince démon, c'est
du lourd. Il se déplace rarement hors des royaumes, s'il bouge, il y a de quoi
s'inquiéter, même pour nous. Je comprends mieux maintenant pourquoi les démons
du coin s'agitent. Il se passe quelque chose, et je ne suis pas sure d'aimer
cela...Et il ne sert à rien de vous demander : vous ne savez probablement
rien non plus… Ma chère, votre salut ne passera que par la compréhension rapide
de ce qu’Azraël veut. Et, dans tous les cas, ne le lui donnez jamais !
- N'est-ce pas mon âme ? Demandais-je.
- Non, il est trop complexe pour cela. Alibaras passe encore, il peut en
vouloir à votre âme. Mais Azraël,... c'est le démon de la mort et du destin.
Manipulateur et machiavélique, faites extrêmement attention avec ses marchés et
ses pactes : ce qu'il veut n'est jamais explicite. Je vous conseillerais
de ne jamais en passer.
- Trop tard. Commenta Jocelin.
- Elle fait ce qu'elle veut, ce n'est qu'un conseil, reprit froidement
Marianne. A ce jour, personne ne lui a jamais échappé. Quel est votre pouvoir ?
- Euh... Je ne sais pas. Dis-je.
- Il n'est pas encore apparu, mais il peut déjà être altéré. Continua
Jocelin.
- Pardon ? Un pouvoir ne peut-être altéré que s'il est déjà
existant. Il a certainement déjà été utilisé, plus d'une fois même, mais
personne n'a dû y faire attention.
- Tu le penses ?
- Non, j'en suis certaine. Faites plus attention, il est possible que
cela ait un lien avec les desseins d'Azraël.
- Et Alibaras ? Demandais-je.
- Alibaras n’est qu’un écervelé violent. Seul, il est à peine dangereux,
une bonne claque et c'est réglé. Ce qui pourrait m'inquiéter plus, ce serait
qu’il se soit allié à Azraël. Cela risquerait de dégénérer rapidement, et de vraiment
mal finir... Pour tout le monde. »
Cette dernière phrase me confortait
dans mon sentiment que quelque chose de terrible se tramait. Après un soupir où
une épaisse fumée sorti de ses narines, Marianne se leva et se dirigea vers
moi.
« - Bon, commencez par me montrer
où l’autre naze vous a frappé. »
Inquiète, je demandais du regard son
avis à Jocelin. D’une manière imperceptible, il hocha la tête.
« - Ecoutez, je n’ai pas toute ma
journée, vous voulez des réponses, laissez-moi faire. Dans le cas contraire
allez-vous-en. »
Je relevais mon chemisier après avoir
ouvert mon tailleur. Elle toucha ma peau, au niveau du plexus. Et elle eut un
léger recul et une expression de surprise sur le visage.
« - Oh non… murmura-t-elle. Dites-moi
que ce n’est pas vrai… Faites voir vos mains. »
Sans que je ne les lui donne, elle prit
une de mes mains et la regarda, des deux côtés, ne croyant pas vraiment ce
qu’elle voyait.
« - Ha ! Mais quel con !
Pesta-t-elle visiblement à l’encontre d’Alibaras. Vos pieds ! »
Sans ménagement, et avec une force que
je ne lui aurais pas crue, elle me jeta sur la chaise en osier libre et attrapa
une de mes jambes. Elle jeta la chaussure pour regarder mon pied nu, comme elle
l’avait fait avec mes mains. Je jetais un regard implorant à Jocelin, lui
demandant un peu d’aide. Mais ce dernier semblait inquiet en regardant Marianne
me triturer le pied dans tous les sens.
Soudain, elle lâcha mon pied, et se
releva lentement. Pendant tout ce temps, elle avait gardé sa cigarette à la
main. Son regard envers moi avait changé : désormais, au lieu d’être
observée avec froideur, je sentais que j’étais quelque chose d’insolite. Un peu
comme une cafetière expresso en orbite autour de la terre : L’objet est
connu, mais il n’est pas au bon endroit. Retourna s’asseoir dans son fauteuil
en osier, et, le regard vide elle se mit à regarder dehors.
« - Marianne, est-ce que… commença
Jocelin.
- Tirez-vous. J’ai besoin de réfléchir. Nous verrons le paiement plus
tard.
- Lena, viens. Me murmura-t-il doucement. Il faut partir, et vite.
- Mais… commençais-je.
- Pas de mais ! On se casse ! Vite ! »
Je vis l’urgence dans ses yeux.
Pourtant, rien n’indiquait que nous étions en danger. Il se dirigea vers la
porte, et je le suivi après avoir récupéré mon soulier. Avant de sortir, je
jetais un dernier regard à cette étrange femme en passant devant le jeune homme
qui retenait la porte. Elle n’avait pas bougé, et, durant un court instant, je
crus qu’elle pleurait. Mais la porte se referma sur nous avant que je ne puisse
m’en être assurée. Jocelin me poussait légèrement pour descendre les escaliers.
Nous entrâmes de nouveau dans le bar, et, là encore tous les regards se
dirigèrent vers nous.
Avec un simple « Bonsoir à
tous », Jocelin se dirigea vers la sortie. J’étais sur ses talons,
ignorant superbement les regards inquisiteurs à mon égard. Une fois dehors, le
jeune homme s’arrêtât au milieu de la cour, et prit une énorme inspiration
avant de s’allumer une cigarette. De nouveau, il m’en proposa une, que je
refusais encore une fois.
Il haussa les épaules avant de remettre
le paquet dans sa poche.
« - Qu’a-t-elle vu ? Et cette
femme est un démon ?
- Non, elle n’a rien de démoniaque si ce n’est son caractère. Quand à ce
qu’elle a vu… J’en sais rien. Mais ça devenait mauvais pour nous. Je la connais
depuis suffisamment longtemps pour savoir quand me tirer.
- Mais on est venu chercher des réponses ! Et tu ne réponds pas à
mes questions, qu’est-elle ? Commençais-je à m’énerver.
- Très curieuse ta copine dis-donc…
- Lâche-nous Brinker. »
Le gros rat était de nouveau sorti du
café. Il alluma son calumet calmement à l’aide d’une allumette. Il tournait autour
de nous à une distance respectable.
« - Bon, l’Argenté, parlons
sérieusement maintenant, Qu’est-ce qui ce qui se passe ?
- A quel sujet ?
- La Rouge ne t’en a pas parlé ? Les démons sont nerveux…
- Si, mais elle n’est pas allée plus loin dans les explications. »
Dis-je.
Le rat commença à faire des ronds de
fumée dans la nuit. Puis, il regarda le ciel. Qu’y cherchait-il, je n’aurais
vraiment su le dire.
« - Ils sont nerveux, ils cherchent
quelqu’un, nous supposons qu’il s’agit d’une âme brisée. Tu connais pourtant
notre situation l’Argenté… non ? Nous ne pouvons pas vivre parmi les
Hommes. Et quand les démons sont nerveux, vu qu’ils ne peuvent pas se défouler
sur les Hommes au risque de créer une âme brisée, c’est vers nous qu’ils se
tournent. On prend cher en ce moment. Ils ont même défoncé la porte de ma
maison.
- Tes femmes ? Tes gosses ? Demanda Jocelin qui levait lui
aussi les yeux vers le ciel.
- En dehors de l’ainée, qui a refusée de partir se mettre à l’abri à la
campagne, tout le monde est sauf.
- Est-ce qu’elle…
- Oui. Ils se sont vraiment acharnés sur elle.
- Est-ce que tu sais qui a fait cela ?
- Je m’en suis occupé si c’est ce que tu veux savoir. Mais bon, les
renvoyer là-bas… est-ce vraiment une vengeance ? Je ne crois pas… ça ne
change rien, j’ai toujours autant la haine envers eux.
- Attendez, que voulez-vous dire par ‘’Renvoyé là-bas’’ ? »
Coupais-je.
Le rat me regarda avec un air surpris
puis amusé. Jocelin ne dit rien, mais dans ses yeux, je compris qu’il avait
oublié de me parler de quelque chose.
« - Vous deviez être blonde vous…
la couleur est plutôt réussie. On ne voit quasiment pas la différence. Enfin
bref, l’Argenté : pas mal de monde va faire la chasse à l’âme brisée,
jusqu’à ce que celle qu’ils cherchent soit éliminé. Essayez d’être prudent, toi
et tes copains.
- Qu’est-ce que cette information va me couter ?
- Protège ta blonde. Il y a fort à parier que c’est elle qu’ils
recherchent. Moi, tant qu’elle est en vie, je sais que ça les emmerde et ça me
convient.
- Oh ! Vous allez arrêter de vous foutre de ma gueule. Je commence
à en avoir marre de tous ces secrets et de tout ce bazar ! C’est gonflant
à force ! Répondez correctement à mes questions pour une fois ! J’en
ai marre, y’a un démon charmeur et puceau qui me veut je ne sais quoi, un rat
nymphomane et alcoolique qui veut me sauter, et une espèce de dragon qui est à
la limite de me bouffer après m’avoir auscultée ! Et je ne parle pas de l’autre
malade responsable de tout ce bordel ! J’en ai ras le cul ! »
Je saturais complètement, j’avais l’impression
d’être dans un de ces épisodes d’X-files où Scully et Mulder posent des
questions, mais leurs interlocuteurs ne répondent jamais. Ils éludent toujours
le sujet, continuant la conversation comme s’ils n’avaient rien entendu. Pourtant,
ma colère se dissipa en voyant les regards surpris de mes deux interlocuteurs.
Tous les deux s’étaient figés dans leurs positions respectives. Brinker avait
la bouche ouverte, et Jocelin me regardait étrangement.
« - Dommage, trop clairvoyante à
mon goût…
- Lena, dit simplement Jocelin face à mon visage rouge de colère, tu ne
peux pas tuer un démon. Tu peux le rendre inoffensif, le capturer, ou le
renvoyer en Enfer, mais tu ne peux pas le tuer. Si tu avais attendu que l’on
soit à la maison, je te l’aurais expliqué là-bas… On s’est fait remarquer,
allons-nous en. »
En effet, deux ou trois créatures
sortirent du café pour voir ce qui se passait dehors. Un gros tas poils
informe, le barman, et un énorme lézard aux couleurs vert bouteille. Ils n’avaient
pas l’air amicaux. Et, en s’approchant de nous, ils se séparèrent. Le serveur
au milieu, le lézard à notre gauche et la boule de poil à droite. Jocelin
attrapa mon poignet et me tira vers la sortie. A notre approche de la porte
donnant sur la rue, les trois monstres se stoppèrent, et ils nous observèrent
sortir dans la rue. Brinker, le rat, nous regardaient alternativement, comme un
spectateur dans une pièce de théâtre.
Une fois de l’autre côté, dans la rue
je me figeais avant de demander à Jocelin :
« - Euh… ce n’est pas par là que
nous sommes entrés dans la cour du café : je reconnais le quartier… nous
sommes à Montmartre, près du Sacré-Cœur. » Dis-je, peu rassurée dans la
rue déserte et mal éclairée.
- Tout juste. Me dit-il avec un sourire. Le Café des Illusions est lié à
beaucoup de portes dans Paris. Si une créature fantastique ouvre une porte en
voulant rejoindre le café, il se retrouve dans la cour. Ça marche aussi pour
les âmes brisées. Et cela fonctionne aussi dans le sens inverse.
- Mais, alors, la police…
- Ne trouveras jamais le café. Finit-il ma phrase. S’ils entrent
derrière nous alors que la porte s’est refermée, ce sera le lieu réel, pas le
café. Et vu qu’on réapparaît à Montmartre… ils ne vont rien y comprendre. C’est
aussi une mesure de protection pour les créatures fantastiques qui étaient dans
le bar.
- N’y-a-t-il pas un risque que les démons y fassent une descente ?
Ton ami Brinker avait l’air d’en parler comme de la Gestapo.
- Primo, ce n’est pas mon ami. Secundo, tant que Marianne sera là, les
démons ne se risqueront pas à prendre le café d’assaut. Merde… On avait besoin
de ça… »
Le gothique regardait par-dessus mon
épaule. Et semblait véritablement ennuyé. De manière instinctive, je me
retournais, cinq silhouettes venaient du boulevard en bas. Ces cinq ombres
parlaient haut et fort, en se dirigeant vers nous, ils chahutaient violement, vociféraient
et plaisantaient de manière grasse dans la rue déserte et mal éclairée. L’un
deux nous apostropha.
« - Re-merde, dans la ruelle ! Vite ! »
me murmura Jocelin en m’y trainant.
dimanche 8 juillet 2012
12 - Le Café des Illusions
Je
pourrais ici raconter en détail ce qui se passa les jours qui
suivirent cet entretien. Mais cela ne servirait à rien car, en
dehors d’être suivie un peu partout par des policiers en civil, il
ne se passa rien.
Enfin
si, un matin un peu plus froid que les autres, Paul alla chercher les
deux agents dans leur véhicule pour leur proposer un café.
Gentiment refusé, mais ils comprirent que l’on savait où ils
étaient, et ce qu’ils faisaient.
De
mon côté, je m’entraînais au fouet chaque soir. Au bout de deux
semaines, j’avais compris le ‘’truc’’ pour conserver le
mouvement sur la lanière de cuir et frapper avec une certaine
précision. Je pouvais désormais toucher une feuille de papier A4
avec précision sans ralentir mon mouvement. Je savais faire claquer
le fouet comme Indiana Jones et, Vanessa me le confirma, c’était
plutôt impressionnant. D’après elle, ça l’était encore plus
avec le fouet de foudre que produisait le taser. La couleur bleue
lumineuse, ajoutée aux mouvements rapides du fouet créaient une
persistance rétinienne sur quiconque me regardait le manipuler. A en
croire Alphonse, j’étais entourée de lumière. Grâce à cela, je pouvais cacher mes mouvements sous la trainée
lumineuse.
Les
journaux relatèrent la disparition d’une autre jeune fille. Elle
était aussi jeune que la première, mais celle-ci était d’origine
africaine. La communauté musulmane s’était indignée d’une
telle disparition, supposant un crime raciste. Mais, je me doutais
qu’il était tout autre : elle avait disparue dans sa maison
familiale, alors que celle-ci avait été fermée à clef. Ceux qui
avaient donné l’alerte, furent les voisins qui entendirent hurler.
Mais à l’arrivée des secours, elle avait disparue, ne laissant
qu’un bain moussant prêt à être utilisé, et un appartement en
ordre. Aucune trace de lutte ou de quoi que ce soit d’autre. Au
dire de la presse, les enquêteurs étaient dépassés.
C’était
la deuxième fille à disparaître. Et j’étais sûre qu’il y
avait un lien avec moi. J’avais découpé les articles de presses
ainsi qu’imprimé des articles d’internet et rangé tout cela
dans un cahier-classeur. Je m’étais mis à la recherche de liens,
mais je n’en disposais que d’une infime partie. Je relisais tout
ce que j’avais pu trouver quand Jocelin vint me trouver un soir
dans le salon.
« -
Tu te prépares ? On va aller au café des illusions
- Et la police dehors ? Demandais-je en repensant à la
voiture de police dans la rue.
- Te bile pas, ils ne vont rien y comprendre.
- Qui vient avec nous ?
- Y’a que nous deux. C’est suffisant maintenant que tu sais te
défendre. »
Je
montais dans ma chambre pour chercher mon arme et redescendit aussi
vite que j’étais montée. Dans son habit noir, Jocelin m’attendait
dehors. A ma sortie, je le vis aller à une camionnette garée dans
la rue et taper à la carrosserie.
« -
On va à Paris. Je vous emmène ? Au prix de l’essence, faut
en profiter… »
Il
n’y eut pas un seul mot. Rien, mais je compris qu’il s’agissait
d’un véhicule banalisé de la police. Comment avait-il su que c’en
était un ? Il se désintéressa du véhicule et marcha jusqu’à
sa petite deux chevaux. Je lui posais la question en montant :
« -
Comment le sais-tu ?
- De quoi ? Que c’est un poulailler mobile ?
- Oui.
- C’est Paul qui l’a deviné. Avec ses lunettes, il peut voir
au travers de ce qu’il désire. Et il a eu un doute sur le van.
Alors il l’a contrôlé.
- Est-ce qu’ils vont nous suivre ?
- Aucune idée, et je m’en fous : ça les avancera pas.
Attache ta ceinture s’il te plaît.
- Où va-t-on ? Tu ne vas pas conduire comme un dingue pour
les semer hein ? Demandais-je inquiète.
- Non, c’est juste que l’on doit toujours porter une ceinture
de sécurité dans une voiture. Ça peut sauver la vie… »
Durant
un court instant je cru réellement qu’il s’inquiétait pour moi.
Mais il finit sa phrase :
« …
En plus, ça limite les amendes. Et on va à Paris, au café des
illusions. A ce sujet, il y a plusieurs règles à connaître. La
première, ne contredit jamais Marianne. La seconde, évite autant
que tu peux les ennuis. Ceux qui sont là-bas ne sont pas des enfants
de cœurs. »
Nous
quittâmes rapidement notre petite ville de banlieue pour nous
engager sur l’A4. L’autoroute de Paris. Au court du voyage, je
l’interrogeais sur ceux qui vivaient dans le café. J’appris
ainsi que c’était un repère de créatures fantastiques qui
prenaient forme humaine pour survivre.
« -
Sincèrement, me dit-il, est-ce que tu crois qu’une licorne ou une
vouivre pourrait se balader sur la place de Notre-Dame ou dans les
jardins du Louvre sans que cela ne crée la panique ? Alors ils
se cachent, et pour la plupart, ce qui nous arrive, à nous, les âmes
brisées n’est que justice.
- Comment cela ? En quoi sommes-nous responsable ?
- Lena, pendant des décennies, du Yéti aux Fées, nous avons
poursuivis toutes les autres espèces étranges. De l’antiquité à
nos jours, il y a toujours eu des groupuscules obscurantistes actifs.
Et la connerie est inscrite dans nos gènes, pour des raisons
politiques, de richesses ou par plaisir nous avons toujours détruit
ce que nous ne comprenions pas. Dis-toi que là où nous allons, nous
ne serons pas considérés comme les bienvenus. Pour eux, ce n’est
que justice.
- Et Marianne ?
- Fout-lui la paix, et tout ira bien. Ne commande rien au bar non
plus. La monnaie n’est pas la même que chez nous.
- Pourquoi n’y allons-nous que nous deux seulement si cela est
dangereux ?
- Si nous étions plus, cela passerais pour une provocation. Et
cette histoire ne concerne que toi. Moi, je suis juste là pour lui
délier la langue.
- Comment vas-tu faire ?
- Pas envie d’en parler. »
Pour
rompre une conversation, il n’y a pas mieux. Nous continuâmes ainsi
notre petit voyage vers Paris en silence. La vieille voiture,
avançait lentement mais sûrement sur l’autoroute. J’avais
toujours aussi peur de voir mes pieds passer au travers du plancher,
mais je fis avec. Soudain, je repérais un véhicule derrière nous
qui nous suivait à une distance respectable. Ce ne fut qu’une fois
dans les ruelles de la ville que je fus sûre de cela.
« -
Jocelin, je crois que nous sommes suivi.
- La Mégane grise ?
- Oui, tu l’avais vue ?
- Bien sûr. Mais ne t’inquiète pas pour eux, ils ne vont y voir
que du feu. »
Je
m’étais attendue à ce que, tout d’un coup, mon chauffeur se
mette à conduire comme dans les films. Mais il se contenta de garer
sa voiture dans un parking souterrain près de Notre-Dame. Sa seule
parole fut un ‘’Terminus nous sommes arrivés’’
Nous
sortîmes de la voiture et remontèrent jusqu’à la surface. Mon
guide prit la direction du quartier Saint-Michel. Dehors, le soleil
s’était couché et seule une mince bande rouge à l’horizon
rappelait qu’il avait brillé aujourd’hui. La lumière du jour
avais été remplacée par celles de la nuit : néons et autres
panneaux lumineux. A heure-ci, le quartier fourmillait d’animations,
de touristes, et de restaurant pas cher. A de nombreuses reprises
nous fûmes arrêtés par un employé qui proposait un menu en
amoureux, pour le plus téméraire, et famille pour le plus poli. En
gros, ou j’étais une femme avide de chair fraiche, ou j’étais
sa mère. Dans les deux cas, je le prenais mal. L’un d’entre eux,
plus motivé que les autres s’en rappellera un moment : j’ai
laissé la trace de ma main sur sa joue.
Nous
quittâmes ce quartier populaire pour aller dans des endroits un peu
plus sombres, et de moins en moins fréquenté. Je constatais que
nous étions toujours suivis ; trois personnes, au minimum. Même
si je n’en ai toujours vu que deux.
Jocelin
s’arrêta devant une porte en bois plutôt moderne. Et toucha la
poignée.
« -
Prête ?
- Oui. »
Sans
plus de préparation il l’ouvrit et entra, avant que la porte ne se
referme, je le suivi. Nous nous retrouvâmes dans une petite cour mal
éclairée. Elle était pavée, et les jointures mal ajustée
laissaient passer une verdure qui avait du mal à survivre. On aurait
dit une cour du moyen-âge, avec ses murs à la chaux et, au fond,
une taverne avec une véranda. Le toit de celle-ci était d’un vert
sombre, et les carreaux de verre, de mauvaise qualité déformaient
les ombres. La lumière jaune, le mélange de couleur et les bruits
ainsi que la musique qui en provenaient laissait à penser qu’il y
régnait une ambiance chaleureuse et amicale. Était-ce bien là le
lieu dangereux que l’avait décrit Jocelin ? Rien n’était
moins sûr.
« -
Voilà qui n’est pas banal ! dit une voix rugueuse sur ma
gauche en me faisant sursauter. L’argenté en charmante compagnie :
Il va y avoir une catastrophe dans pas longtemps. »
Je
vis des yeux ronds comme des billes, verts, dans les ténèbres, me
regarder d’une étrange manière. Ils étaient à cinquante
centimètres au-dessus du sol, et leur propriétaire, une petite
forme sombre sur le mur gris devait être adossé au mur du bâtiment.
« -
Ferme-là Brinker. Répliqua Jocelin.
- Quoi ?! Je ne fais que constater que celui qui est sans cœur
s’est attendrit. C’est tout.
- Tu te goures sur toute la ligne. Je viens juste chercher des
réponses.
- Pour elle ? Ça tombe plutôt bien : y’en a pas mal
qui ont des questions à lui poser… Si tant est qu’ils soient
disposés à l’échange d’informations, et qu’elle ait les
réponses.
- Que veux-tu dire ?
- Oulla… Moi j’ai rien dit. Vois ça avec La Rouge, moi, je ne
veux pas d’ennuis. Par contre, un petit câlin avec la dame… »
Je
reculais avec dégout en voyant une rangées de dents jaunes et
disparates apparaître lors d’un immonde rictus. Mes yeux
s’accoutumèrent à la pénombre, et je pu ainsi distinguer un
énorme rat qui fumait un genre de calumet. Un gilet en tweed ouvert,
et mal entretenu était son seul habit.
« …
qu’est-ce qu’il y a poupée ? Ce ne tente pas ? Je
t’assure : dans le noir je sais y faire…
- Fout-lui la paix, coupa Jocelin avant de poursuivre à mon égard,
viens. »
Je
suivi le jeune homme en direction du bâtiment animé. Je me
retournais fréquemment pour surveiller l’horrible animal me
regarder en souriant. A notre entrée, l’atmosphère changea du
tout au tout. Elle avait été joyeuse, pleine de gaîté et de bonne
humeur. Désormais, elle était lourde, pesante, la musique qui,
quelques minutes encore filtrait par fenêtres avait disparue et tous
les protagonistes nous observaient. Pour les plus simples, c’étaient
de la curiosité, pour les autres, une méfiance et une animosité
non masquée animaient leurs regards. Devant moi, il y avait toutes
sortes de personnages et de créatures tirées des mythes et des
légendes. Peut-être un ou deux contes aussi… je n’aurais su le
dire avec précision tant ils étaient disparates. Mais, en y
repensant, je me rappelle d’un certain nombre de choses. L’entrée
donnait immédiatement sur le bar, auquel étaient attablés un
certain nombre de créatures étranges, de manière exhaustive :
un cyclope, qui tenait deux femmes à la peau verte ,plutôt
dévêtues, par la taille, un homme avec de multiples tentacules à
la place des bras, et un autre extrêmement poilu. Derrière le bar,
le tenancier, énorme, avec une peau d’européen moyen et un ventre
proéminent. Son visage de forme carré, avec une mâchoire avancée
et les deux canines inférieures qui dépassaient des lèvres était
clairement inamical. Il avait les cheveux coupés très courts, comme
un militaire. Haut-dessus de sa tête, là où sont normalement
rangés les verres dans les café normaux, s’étalait un café
miniature ou des fées et autres petites créatures étaient
attablées. A ma droite et à ma gauche, s'alignaient des tables avec
des bancs remplis de convives tous aussi disparates les uns que les
autres. Chacun de ces cotés se finissait par une porte en bois.
Le
silence était vraiment gênant.
« -
Bonsoir, nous venons voir Marianne. Dit simplement Jocelin en allant
sur la droite. Nous ne serons pas long.
- Une petite minute L'argenté. Fit une douce voix venue de bar.
Toi, connaissant ta relation avec La Rouge, tu es toléré ici...
Elle... Non. »
Rapidement,
des invités se levèrent pour nous bloquer le passage vers la porte.
Connaissant Jocelin, je savais que la situation allait dégénérer.
En me retournant, je vis le rat Brinker s'adosser au montant de la
porte avec son calumet. Il souriait toujours autant, je n'aurais su
dire s'il s'amusait de notre situation délicate où s'il pensait à
des horreur me concernant. Jocelin s'était figé, je sentais ses
méninges tourner à plein régime.
Ma
main glissa sur le taser tandis que la sortie était elle aussi
bloquée par les étranges clients du bar.
« -
Bonsoir Kud. Dois-je aller expliquer à Marianne les raisons pour
laquelle elle n'obtiendra rien ? »
A
ces mots, nos assaillants cessèrent de se rapprocher de nous. Nous
étions dos à dos avec Jocelin, et je vis une boule de poil mauve se
déplacer sur le bar : Un chat. Ses yeux verts était clairement
agressif et ne cessaient de nous regarder. Il y avait tellement de
créatures étranges dans ce café que celle-là ne me choquait pas
plus que les autres.
« -
Écoute moi bien, je suis ici pour la protéger, et je ne changerais
pas d'avis. Tu peux monter. Pas elle.
- Lena, on s'en va, j'en toucherais un mot à Marianne la prochaine
fois.
- Et Pourquoi donc ? Je t'ai dit que tu pouvais y aller.
- Et moi, je t'ai dit que je n'irais pas sans elle. »
Pendant
un court instant, les deux protagonistes de cet échanges se
regardèrent. Le chat cherchant le mensonge dans les yeux du
gothique, et Jocelin, avec le visage déterminé. Je savais qu'en son
fort intérieur, il avait déjà dû insulter le félin mauve de
toutes les nom possibles. Mais, avec une intelligence que je ne lui
aurais pas cru possible, il se maîtrisait. En dehors d'empirer la
situation, cela n'aurait eut aucun effet. Nous n'étions pas les
bienvenus, soit, mais de là à clairement chercher la bagarre, il y
avait un pas. Et, mon guide, dans son manteau noir, faisais un effort
non négligeable pour ne pas le faire.
« -
T'en portes-tu garant ?
- Oui. Elle n'est pas à pour chercher des ennuis. Juste des
réponses. »
De
nouveaux, le chat garda le silence. Me jaugeant cette fois-ci, il y
avait dans ses yeux, une interrogation que j'avais du mal à définir.
Il savait vraisemblablement des chose que j'ignorais, et qui me
concernaient certainement.
« -
Laissez-les monter. Si cela ne lui convient pas, ils ne redescendront
pas. »
Les
personnes ne bougèrent pourtant pas d'un millimètre, bien décidés
à nous empêcher de passer. Alors que le chat dénommé Kud allait
reprendre la parole, Brinker, à l'entrée du café, le devança.
« -
Hé, tout le monde, la rouge a survécu aux croisades et à tout ces
tarés en armure. Ces deux-là ne seront pas un problème si elle
veut écourter la rencontre. »
Jocelin
avança lentement vers la porte au fond de la salle sans quitter des
yeux ceux qui étaient face à lui. Il y eut des défis qui s'étaient
lancés. Chacun cherchant à provoquer l'autre pour le faire attaquer
en premier. Mais, en forçant légèrement le passage, le gothique
passa, et je le suivi, sous les regards appuyés des usagers du café.
jeudi 28 juin 2012
11 - L'enquête oubliée
Les deux jours qui suivirent furent
calmes. Je ne vis aucun démon, ni phénomène étrange d’aucune sorte. Mais dans
des situations fantastiques, on oublie rapidement le réel. Aussi, je
n’imaginais pas que le monde autour de notre petit groupe continuait de
tourner. J’étais en train de finir un rendez-vous avec un client qui tentait de
faire tourner son entreprise avec difficulté. Je finis notre conversation en le
ramenant vers la sortie, puis retournait dans la salle d’attente.
« - Mme… Bounakour ?
- Attends Lena, me dit Marine derrière moi, il y a eu une modification
de ton emploi du temps pour ces messieurs. L’affaire Bounakour est traité par
Yasmina, elle a dit que cela t’arrangerais.
- Ha ? Et c’est pour quelle affaire ? » Demandais-je en
voyant deux hommes se lever dans la salle d’attente pour venir vers moi. Le
premier était chauve avec une boucle d’oreille assez discrète, et portait un
bombers kaki avec de multiples écussons. Un pantalon en jean et une paire de
baskets blanche terminaient le style du personnage. Il était assez jeune, avec
des yeux verts qui paraissaient dur et froids. Le second un peu plus vieux, et portait
un ensemble en tissus beige, une chemise jaune, et des souliers de cuir marron.
Dans ses mains, correctement plié, un manteau de cuir brun. Il était mal rasé,
avec des cheveux noirs, hirsutes. Son regard était vide, presque implorant.
Malgré cela, ils avaient tous les deux des carrures de déménageurs. Et si celui
en costume brun n’avait pas commencé sa phrase de cette manière, je crois que
j’aurais tout de suite été cherché le taser.
« - Police nationale mademoiselle
Clanford. C’est au sujet de la plainte que vous avez déposée, concernant votre
agression. Et de ce qui s’est passé dans votre appartement. Il y a-t-il un
endroit où nous pouvons discuter tranquillement ? » Me demanda-il en
me tendant une carte de police.
Yasmina est une boss vraiment super,
mais là, pour le coup, elle ne m’arrangeait vraiment pas : J’avais
complètement oublié que j’avais porté plainte pour les deux incidents.
« - Allons dans mon bureau
voulez-vous ?
- Nous vous suivons mademoiselle. »
Nous arrivâmes rapidement à la pièce.
Et je refermais derrière mes deux invités.
« - Je vous en prie,
installez-vous. Dis-je en rangeant quelques documents qui traînaient sur mon
bureau.
- Merci mademoiselle. Je suis le lieutenant Franck Serain, et voici mon
équipier, le lieutenant Amory Marionni. Déclara celui en costume marron tandis
qu’ils s’installaient.
- En quoi puis-je vous aider messieurs ? Demandais-je en les
voyants sortir des calepins de leurs poches.
- Concernant votre agression, vous avez déclaré vous être réveillée dans
une maison en colocation proche du cimetière. Est-ce exact ?
- Oui.
- Est-ce que c’est là-bas que vous habitez actuellement ?
- Oui, pourquoi ?
- Parce que c’est bizarre : vous habitez du jour au lendemain avec
des gens que vous ne connaissiez pas la veille.
- Certains ont déjà été condamnés pour vandalisme, repris le policier au
Bombers, ce ne sont pas forcément des gens très fréquentables. Peut-être même
ont-ils un lien avec ce qui s’est passé dans votre appartement. Si des choses
illégales se déroulent là-bas, il faut nous mettre au courant, c’est la
meilleure manière pour nous permettre de vous aider.
- Il n’y a rien à dire. Ils sont gentils et m’ont proposé de m’héberger.
- Vraiment ?
- Mais qu’est-ce que vous croyez ? Que ce sont des escrocs ou des
adeptes de la scientologie ? Sincèrement, ce n’est vraiment pas leur
genre. »
Je venais de leur énoncer clairement ce
que j’avais soupçonné lors de ma première rencontre avec les habitants de la
petite collocation. J’étais devenue une âme brisée moi aussi, et, maintenant
que je connaissais la vérité, je pouvais évoquer les pire choses ‘’réalistes’’
tout en sachant qu’au mieux cela les découragerait, au pire, je suggérais une
fausse piste. Oui, je sais, ce n’est pas bien de mentir à la police, surtout
quand elle cherche à aider. Mais je n’avais pas le choix ; comme avec les
peluches qui avaient complètement ravagé mon appartement, la réalité était
beaucoup trop invraisemblable.
« - Je ne sais pas trop ce que je
dois penser de vos propos Mademoiselle Clanford. Mais je vous suggère vivement
de nous dire ce que vous savez sur les habitants de cette maison.
- Commencez par me dire ce qui s’est passé dans mon appartement.
- Pour le moment, nous ne savons pas.
- Quelque chose a explosé dans mon appartement et vous ignorez de quoi
il s’agit ?
- Ne vous inquiétez pas, nous finirons bien par savoir. Renchérit
Franck, dans son costume marron tandis que son collègue se levait pour faire
quelques pas dans le bureau. Je sais que cela n’a peut-être rien à voir avec
vous mais je tente quand même. Connaissez-vous cette personne ? »
Je pris le portrait photo qu’il me
tendait. Dessus, une jeune femme un peu maquillée souriait. Elle était blonde
avec des yeux marron clair. Vingt ans tout au plus.
« - Non, répondis-je, qui
est-ce ?
- Une disparue. Cela fait deux ou jours qu’elle ne donne plus aucun
signe de vie… »
Je n’aurais su le dire clairement,
mais, à ce moment précis, je sus qu’Alibaras ou Azraël était derrière cela.
Avec une nette préférence pour le premier. Et le destin qui était échu à cette
pauvre fille me semblait terrible. Au point que je murmurais le nom du démon tout
en retenant les insultes à son égard :
« - Alibaras…
- Pardon ? Demanda-t-il en se penchant vers moi.
- Rien. Comment s’appelle-t-elle ?
- Emilie Fronster, elle a vingt et un an.
- Elle a disparue en rentrant de son lycée…poursuivit son collègue en
face de mon armoire ouverte, Franck, viens voir ça s’il te plaît. »
Le lieutenant de police en costume se
leva pour rejoindre son collègue, qui lui montra un des classeurs dans le
meuble. Il se retourna ensuite vers moi, l’air ennuyé.
« - Est-ce que vous travaillez
pour le cabinet Hoppe ? »
Je peux vous assurer qu’intérieurement,
j’ai maudis et insulté Azraël de tous les noms possibles et imaginables.
J’aurais pu écrire en un dictionnaire ! Voir une encyclopédie
multi-tomes !
« - Le responsable m’a demandé de
m’occuper des comptes. Pourquoi ?
- C’est le cabinet qui est responsable de l’échec de la majorité de nos
enquêtes, répondit Amory toujours face à l’armoire. La plupart des types que
l’on arrive à chopper sont défendus par leurs avocats. Et ils trouvent toujours
une faille. Dans le milieu, il est ‘’le’’ cabinet d’avocat qui défend
correctement les criminels. Même s’il est excessivement cher, les résultats sont
là.
- Mademoiselle Clanford. Si ces gens en ont après vous, dites-moi où je
dois chercher, et je m’occupe du reste. Repris le lieutenant en costume. Ces
gens sont extrêmement dangereux, et leurs méthodes envers les femmes ne sont
pas différentes de celles utilisées pour les hommes.
- Je ne m’occupe que de la comptabilité.
- Bien sûr. Je comprends mademoiselle Clanford. Merci pour toutes ces
informations, nous allons vous laisser. Amory, on y va. »
Je raccompagnais mes deux visiteurs
jusqu’à l’entrée du petit bureau. Là, les lieutenants me remercièrent encore
une fois, et, que si jamais je me souvenais de quoi que ce soit, je pouvais le
joindre au poste de police de Noisy le grand. Les deux me laissèrent une carte
avec uniquement le nom et le numéro de téléphone. Je les vis discuter dehors,
devant notre petit cabinet avant de longer le trottoir.
Je n’avais aucune idée de comment cette
histoire allait finir. Il y avait eu des précédents avec la Brigade, et Azraël n’avait
pas arrangé les choses avec son cabinet d’avocat. Pourtant, tout cela passa
comme si de rien n’étais. La photo de la jeune fille était gravée dans ma
mémoire. Immédiatement, comme soufflé à mon oreille, une partie de ma
discussion d’avec le démon résonna à mes oreilles :
« - …Dites-moi, est-ce que vous lisez les
journaux ?
- Non. Mais
qu’est-ce que cela a à voir avec moi.
- Pas grand-chose
pour le moment, mais vous devriez vous y intéresser incessamment sous peu…. »
Je me précipitais sur mon ordinateur et
lançais une recherche sur les actualités nationales. Pour le coup, Google fut
mon ami. Je trouvais rapidement les pages nécessaires sur la disparition de la
jeune femme. Mais elles ne m’apprirent rien de plus que ce que le policier m’avait
dit : disparue sans laisser de traces. Un chien policier avait perdu sa
trace en plein milieu d’un escalier alors qu’elle rentrait chez elle.
Qu’est-ce qu’Alibaras ou Azraël
pouvaient bien avoir en tête… pour quelle raison cette femme avait-elle été
attaquée… N’étais-je pas leur cible après tout ? C’est vrai que c’était
triste pour elle, mais, d’un autre côté, j’étais plutôt contente qu’ils me
laissent en paix. Pourtant, j’étais persuadée qu’il y avait un lien entre elle
et moi. Lequel ? Je n’aurais pas pu le trouver à cette époque.
J’en vins à la conclusion qu’ils
avaient autre chose à faire avant de m’attraper. Et qu’il fallait absolument que
je puisse me défendre avant que mes ‘’chasseurs’’ ne s’occupent de moi. Sur le
moment, je n’avais que le fouet, et je devais m’entraîner avec. Je commençais
par chercher sur internet ce que cela donnait de savoir s’en servir correctement.
Ce fut assez impressionnant.
Mais lorsque je me mis à chercher des
cours, je compris que cela allait être plus ardu que prévu. En effet, je ne
sais pas si vous avez déjà essayé de trouver ce genre de choses, mais je suis
tombé, le plus souvent sur des articles pour soirées sadomasochistes. Finalement,
je trouvais un site qui vendait fouet et lassos pour cowboys et fans de madison.
Je commandais un fouet en cuir brun aussi long que celui crée par le taser,
ainsi que deux modes d’emploi, un pour débutant et l’autre en intermédiaire.
Livré dans quarante-huit heures à la colocation.
Mon achat effectué, je m’interrogeais
de nouveau sur ce qui s’était passé ce matin. Il était clair que la police soupçonnait
quelque chose, et je m’interrogeais intérieurement sur la meilleure manière de
les protéger de la vérité. Comment leur faire comprendre sans leur dire qu’il
valait mieux ne pas trop chercher.
Je ne trouvais aucune solution sur le
moment, et fini par me concentrer de nouveau sur mon travail. Comme Alphonse me
l’avait dit : « Etre une âme brisée et avoir des pouvoirs ne fait pas
bouillir la marmite. »
mardi 26 juin 2012
10 - Un calme relatif
Je me laissais tomber dans mon lit sur
le dos. Cela faisait moins d’une semaine que j’étais une âme-brisée, et j’en
avais déjà marre. Je m’interrogeais sur la suite, et notamment sur de possibles
sorties dans des clubs de la ville. Mais je rejetais l’idée : qui savait
sur qui j’allais tomber ? Un démon pouvait très bien se faire passer pour
un homme en quête d’aventures.
Quelqu’un rompit le silence en frappant
à la porte de ma chambre. Je me levais pour ouvrir avec un petit soupir.
Jocelin m’attendais derrière.
« - Viens, y’a Ahmed qui a des
choses à te dire.
- On ne peut pas voir ça demain ? Demandais-je.
- Tu fais comme tu veux… répondit-il en se dirigeant vers les escaliers.
- Mais ?
- Y’a pas de ‘’mais’’ : C’est ta vie. » Entendis-je tandis
qu’il les montait pour rejoindre sa chambre.
Je pris sur moi-même et je montais à sa
suite tout en haut du bâtiment. Je n’étais pas encore à l’étage que j’entendis
une musique étrange, une cantatrice chantait sur une musique très rythmée. A
mon arrivée sur le palier, j’identifiais deux portes, la première, ouverte sur
une chambre pleine de couleurs criardes dans un désordre incroyable. De ce que
je voyais, des CD et leurs boites étaient négligemment étalés au sol, parmi de
multiples vêtements en boule et des feuilles griffonnées de dessins. De cette
pièce s’échappait de faibles relents de solvant pour peinture. Enfin, je vis
Asami, debout sur une chaise, en face de sa fenêtre. Je n’identifiais qu’après
que la jeune asiatique bandait un arc à poulies. La flèche était rouge,
brillante, un genre de PVC verni. C’était la première fois que je pouvais la
détailler de manière précise. Elle avait le visage fin, les cheveux noirs, et
une taille de guêpe. Sur son visage, qui ne montrait pas grand-chose
généralement, se lisait une grande concentration. Elle portait des habits de
toutes les couleurs : un petit haut noir sur lequel était posé une veste
en cuir rouge, une mini-jupe jaune de laquelle dépassaient ses jambes nues. A
ses pieds des chaussettes dépareillées verte, et rose, toutes les deux rayées
de noir.
Avec un bruit sec, elle décocha sa
flèche par la fenêtre entrouverte.
« - Asami, est-ce que tout vas
bien ? Demandais-je.
- Ca va mieux. Répondit-elle en regardant par la fenêtre, avant de poser
l’arc contre un mur. Tu voulais quelque chose ?
- Non, je cherchais Jocelin ?
- En face, dans le boucan.
- Tu… Tu as tiré par la fenêtre ?
- Oui, pourquoi ?
- Sur quoi as-tu tiré ? M’inquiétais-je.
- Je te trouve bien curieuse… tu ne voudrais pas remplacer ma mère des
fois ? »
- Rassure-moi, tu n’as blessé personne au moins ?
- Non, juste un mouchard qui faisait mine de se cacher. Rien de grave.
Rassure-toi, ça fait longtemps que je suis une âme brisée, et je ne l’ai pas
loupé. Jocelin est en face. »
Je compris que je n’étais pas la bienvenue
ici. A l ‘époque, j’ignorais totalement les raisons de cette animosité
envers moi. Toujours est-il que je m’étais retournée vers la porte fermée, en
face de celle de la chambre de cette jeune asiatique. Après quelques pas, je
frappais à la porte de la chambre du jeune homme. Mais, au vu du bruit qui
filtrait au travers du panneau de bois je compris qu’il ne pouvait pas
m’entendre. Je pris donc sur moi d'entrouvrir cette porte.
La chambre était tapissée de posters de
groupes de métal et d'images d'Héroic-Fantasy. Au milieu, un lit double
exactement du même modèle que le mien, mais repeint à la bombe pour lui donner
une couleur noire. Sur les étagères, des rayons entiers de CD et des livres de
toutes sortes. En haut, accrochées aux montants du toit, les enceintes qui
délivraient leur lot de décibels. Jocelin était assis sur son lit, une
cigarette dans la bouche et une guitare électrique sur les genoux. Il en
jouait, même si elle n'était pas branchée. A ses mouvements de mains, je
compris qu'il effectuait les mêmes notes que le guitariste de ce groupe de
Hard-Rock.
Il me vit lorsqu'il releva la tête.
Cela le stoppa dans son jeu de mime. Après avoir pointé la télécommande qui
était elle aussi posée sur le lit vers un ordinateur que je venais de
remarquer, la musique se stoppa.
« - Tu voulais me voir ?
- Pas moi. Ahmed. Répondit-il sans retirer la cigarette de sa bouche et
en posant la guitare à plat sur le lit.
- Où est-il ? Demandais-je.
- A la cave. Attends, je vais te montrer. Rajouta-t-il en se
levant. »
Après avoir éteint sa cigarette il
passa devant moi sans un regard et commença à descendre les escaliers. Je me
lançais à sa suite en m’interrogeant sur le personnage. De tous, il était celui
que j’avais vu le plus souvent, pourtant, je n’arrivais toujours pas à cerner
sa personnalité. Il pouvait aider n’importe qui, de la même manière qu’il
pouvait le laisser dans les ennuis. Cela lui semblait totalement indifférent…
Arrivé en bas des escaliers, il ouvrit
la porte qui se trouvait dessous, et continua à descendre l’escalier qui se
trouvait derrière d’un pas décidé. Ce passage n’était vraiment pas
rassurant : les murs et les marches étaient faits de béton nus, et au
plafond, une petite ampoule brillait faiblement, retenue par les câbles électriques
qui l’alimentait. Je manquais de tomber une ou deux fois dans les escaliers
tant ceux-ci étaient raides. Mais je fini par arriver en bas en un seul
morceau. La cavé était comme l’escalier d’accès : mal éclairée. Il y avait
là des étagères entières remplies de multiples objets recouverts de couche de
poussière. Il n’y avait pas assez de lumière pour que je puisse tous les
identifier, mais, de ce que je vis, il s’agissait d’un bric-à-brac assez
important. Nous nous dirigeâmes vers une porte intégrée à un mur en béton.
« - Laisse tes chaussures dehors.
Il n’aime pas quand on rentre avec. Dit-il avant de frapper à la porte.
- Ouais ? Fit une voix à l’intérieur.
- C’est Jocelin, je t’ai amené Lena.
- Ok, Vas-y, rentre. »
Je pénétrais ainsi pieds nus dans une
pièce en totale opposition avec l’ambiance de la cave : Les murs étaient
blancs et lisses. Un peu partout des affiches de films et de jeux vidéo assez
récents rendaient la pièce aussi attrayante qu’une chambre d’adolescent. Un peu
partout, sur les étagères souvent très ouvragées, trônaient des figurines de
personnages de manga ou les héros de jeux vidéo. Derrière, il y avait une
impressionnante quantité de livres, la plupart paraissaient vraiment vieux,
d’autres ressemblaient à des reproductions. Mais l’anachronisme, dans des
étagères finement ouvragées en bois n’était pas choquant.
Face à un ordinateur disposant de
quatre écrans, Ahmed nous regarda rentrer avec un grand sourire. Sur l’écran,
un jeu de tir à la première personne se déroulait. Le casque audio qu’Ahmed
avait autour du cou était pourvu d’un micro, et il crachait les bruits saccadés
d’armes à feu automatiques. J’entendis également « counter-terrorist wins »
avant qu’Ahmed ne se mette à parler dans le micro :
« - Bon, messieurs, je vous
laisse, j’ai du boulot là. Je reviens tout à l’heure… Non… Allez… ils ont
quatorze ans en face, vous devriez bien y arriver, non ?... Oui elle est
jolie, et oui t’es trop curieux ! Je déco. A plus !
- Je dérange ? Demandais-je, un peu gênée.
- Non, Répondit-il en quittant ses écouteurs et le jeu. Un thé
marocain ?
- Oui, pourquoi pas.
- Jocelin ?
- Vas-y. »
Ahmed se retourna et mit en marche une bouilloire
électrique. Puis il prépara une théière dans laquelle il mit du thé, des
feuilles de menthe d’un petit plant qui poussait sur le bureau, et du sucre. D’un
geste il me fit signe de m’asseoir sur le lit. Jocelin, lui, s’adossa au mur.
« - Alors, commença-t-il tandis
que j’observais la chambre, maintenant que vous avez pu constater que vous
étiez pourchassée et que vous aviez également des moyens de vous défendre,
est-ce que vous acceptez un peu mieux votre situation ?
- Ca ne va pas trop mal.
- Est-ce que cela vous intéresse d’en savoir un peu plus sur nos
‘’chasseurs’’ ?
- Bien sûr.
- Alors je vais commencer par les différents types de démons qui peuvent
te courir après. N’hésitez pas à me couper si vous avez des questions,
d’accord ? Bien, en premier lieu, il y a les démons mouchards, ce sont les
plus faibles de tous. Généralement, quand ils pénètrent dans notre monde, ils
s’emparent d’un objet mais ils ne peuvent pas interagir avec le monde extérieur…
- Quel est l’intérêt de venir alors ?
- Transmettre à leurs supérieurs nos emplacements, notre puissance, nous
manière de nous battre. En échange, ils auront droit à un morceau à manger.
- C’est immonde.
- Parce que le plat, c’est toi ! Mais si tu demandes à une vache ce
qu’elle pense du sel et du poivre, tu verras qu’elle aura la même réaction. Passons
à la suite. Les démons mineurs, eux, possèdent aussi un objet, mais à la
différence de leurs collègues, eux, peuvent se mouvoir.
- La gargouille. Précisa Jocelin.
- En effet, et c’est d’autant plus facile et puissant pour eux que
l’objet est ancien et chargé d’histoire. Et c’est paradoxal, mais c’est la même
chose pour les altérateurs : plus ils sont anciens et chargés d’histoire,
plus ils sont puissants.
- Mais… et mon taser ?
- Une erreur je pense. Où l’avez-vous acheté ?
- C’était une occasion, dans une boutique de self défense.
- Alors il y a de grandes chances pour qu’il ait déjà servi, et la
frappe qu’a fournit Alibaras l’a finalisé dans sa forme d’altérateur.
- Passe à la suite Ahmed s’il te plaît. Demanda Jocelin.
- Est-ce que vous suivez ?
Me demanda Ahmed.
- Ca va pour le moment répondis-je.
- Ok, les démons médians maintenant. Ce sont parmi les plus dangereux,
car ils sont capables de prendre possession d’un homme. Et plus cet homme a été
mauvais, plus il sera facile pour lui d’en prendre possession. Une fois fait, l’homme
n’a plus que l’apparence d’un être humain.
- Qu’arrive-t-il à son âme ?
- D’après toi ? Répondit Jocelin
- J’aimerais pouvoir te dire qu’elle est sauve, mais ce n’est pas le
cas.
- Hé bé ! Ce n’est pas brillant, même pour ceux qui n’ont rien à
voir dans l’histoire. Me permis-je de commenter.
- Non, et Alibaras est de ce niveau-là.
- Hé bah ! C’est bien ma veine.
- Attends, il y en a deux autres : le démon majeur et le prince
démon. Tous les deux peuvent intervenir dans notre monde de manière
personnifiée. Ils n’ont absolument pas besoin d’un réceptacle : leur
puissance est suffisante pour apparaître où ils le désirent, et quand ils le
désirent. Mais ils ne sont pas nombreux, une trentaine tout au plus.
- Heureusement qu’aucun d’eux ne nous pourchasse. Dis-je.
- T’as oublié Azraël. Corrigea Jocelin.
- Oui, celui-là est suffisamment fort pour savoir qu’il peut venir jusqu’ici
sans trop de risques.
- Un prince ou un majeur ? Demandais-je.
- Aucune idée, répondit Ahmed, mais une chose est sûre : il t’a
dans le collimateur.
- De toutes façons, Dès que ce sera possible, je l’emmène voir Marianne…
- Non ! Arrête ! J’ai rien dit la dernière fois, mais là, on
est à part. Elle va te tuer !
- On verra. Répondit-il nonchalamment.
- Jocelin, tu n’en a pas marre de jouer ta vie à la roulette russe ?
Tu as mis deux semaines à t’en remettre la dernière fois.
- Je dois être un peu maso.
- Elle est aussi terrible que ça, cette Marianne ? Interrogeais-je,
les coupant dans leur discussion animée.
- On verra quand tu seras capable de te défendre. D’ici là, c’est hors
sujet. »
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