Je me laissais tomber dans mon lit sur
le dos. Cela faisait moins d’une semaine que j’étais une âme-brisée, et j’en
avais déjà marre. Je m’interrogeais sur la suite, et notamment sur de possibles
sorties dans des clubs de la ville. Mais je rejetais l’idée : qui savait
sur qui j’allais tomber ? Un démon pouvait très bien se faire passer pour
un homme en quête d’aventures.
Quelqu’un rompit le silence en frappant
à la porte de ma chambre. Je me levais pour ouvrir avec un petit soupir.
Jocelin m’attendais derrière.
« - Viens, y’a Ahmed qui a des
choses à te dire.
- On ne peut pas voir ça demain ? Demandais-je.
- Tu fais comme tu veux… répondit-il en se dirigeant vers les escaliers.
- Mais ?
- Y’a pas de ‘’mais’’ : C’est ta vie. » Entendis-je tandis
qu’il les montait pour rejoindre sa chambre.
Je pris sur moi-même et je montais à sa
suite tout en haut du bâtiment. Je n’étais pas encore à l’étage que j’entendis
une musique étrange, une cantatrice chantait sur une musique très rythmée. A
mon arrivée sur le palier, j’identifiais deux portes, la première, ouverte sur
une chambre pleine de couleurs criardes dans un désordre incroyable. De ce que
je voyais, des CD et leurs boites étaient négligemment étalés au sol, parmi de
multiples vêtements en boule et des feuilles griffonnées de dessins. De cette
pièce s’échappait de faibles relents de solvant pour peinture. Enfin, je vis
Asami, debout sur une chaise, en face de sa fenêtre. Je n’identifiais qu’après
que la jeune asiatique bandait un arc à poulies. La flèche était rouge,
brillante, un genre de PVC verni. C’était la première fois que je pouvais la
détailler de manière précise. Elle avait le visage fin, les cheveux noirs, et
une taille de guêpe. Sur son visage, qui ne montrait pas grand-chose
généralement, se lisait une grande concentration. Elle portait des habits de
toutes les couleurs : un petit haut noir sur lequel était posé une veste
en cuir rouge, une mini-jupe jaune de laquelle dépassaient ses jambes nues. A
ses pieds des chaussettes dépareillées verte, et rose, toutes les deux rayées
de noir.
Avec un bruit sec, elle décocha sa
flèche par la fenêtre entrouverte.
« - Asami, est-ce que tout vas
bien ? Demandais-je.
- Ca va mieux. Répondit-elle en regardant par la fenêtre, avant de poser
l’arc contre un mur. Tu voulais quelque chose ?
- Non, je cherchais Jocelin ?
- En face, dans le boucan.
- Tu… Tu as tiré par la fenêtre ?
- Oui, pourquoi ?
- Sur quoi as-tu tiré ? M’inquiétais-je.
- Je te trouve bien curieuse… tu ne voudrais pas remplacer ma mère des
fois ? »
- Rassure-moi, tu n’as blessé personne au moins ?
- Non, juste un mouchard qui faisait mine de se cacher. Rien de grave.
Rassure-toi, ça fait longtemps que je suis une âme brisée, et je ne l’ai pas
loupé. Jocelin est en face. »
Je compris que je n’étais pas la bienvenue
ici. A l ‘époque, j’ignorais totalement les raisons de cette animosité
envers moi. Toujours est-il que je m’étais retournée vers la porte fermée, en
face de celle de la chambre de cette jeune asiatique. Après quelques pas, je
frappais à la porte de la chambre du jeune homme. Mais, au vu du bruit qui
filtrait au travers du panneau de bois je compris qu’il ne pouvait pas
m’entendre. Je pris donc sur moi d'entrouvrir cette porte.
La chambre était tapissée de posters de
groupes de métal et d'images d'Héroic-Fantasy. Au milieu, un lit double
exactement du même modèle que le mien, mais repeint à la bombe pour lui donner
une couleur noire. Sur les étagères, des rayons entiers de CD et des livres de
toutes sortes. En haut, accrochées aux montants du toit, les enceintes qui
délivraient leur lot de décibels. Jocelin était assis sur son lit, une
cigarette dans la bouche et une guitare électrique sur les genoux. Il en
jouait, même si elle n'était pas branchée. A ses mouvements de mains, je
compris qu'il effectuait les mêmes notes que le guitariste de ce groupe de
Hard-Rock.
Il me vit lorsqu'il releva la tête.
Cela le stoppa dans son jeu de mime. Après avoir pointé la télécommande qui
était elle aussi posée sur le lit vers un ordinateur que je venais de
remarquer, la musique se stoppa.
« - Tu voulais me voir ?
- Pas moi. Ahmed. Répondit-il sans retirer la cigarette de sa bouche et
en posant la guitare à plat sur le lit.
- Où est-il ? Demandais-je.
- A la cave. Attends, je vais te montrer. Rajouta-t-il en se
levant. »
Après avoir éteint sa cigarette il
passa devant moi sans un regard et commença à descendre les escaliers. Je me
lançais à sa suite en m’interrogeant sur le personnage. De tous, il était celui
que j’avais vu le plus souvent, pourtant, je n’arrivais toujours pas à cerner
sa personnalité. Il pouvait aider n’importe qui, de la même manière qu’il
pouvait le laisser dans les ennuis. Cela lui semblait totalement indifférent…
Arrivé en bas des escaliers, il ouvrit
la porte qui se trouvait dessous, et continua à descendre l’escalier qui se
trouvait derrière d’un pas décidé. Ce passage n’était vraiment pas
rassurant : les murs et les marches étaient faits de béton nus, et au
plafond, une petite ampoule brillait faiblement, retenue par les câbles électriques
qui l’alimentait. Je manquais de tomber une ou deux fois dans les escaliers
tant ceux-ci étaient raides. Mais je fini par arriver en bas en un seul
morceau. La cavé était comme l’escalier d’accès : mal éclairée. Il y avait
là des étagères entières remplies de multiples objets recouverts de couche de
poussière. Il n’y avait pas assez de lumière pour que je puisse tous les
identifier, mais, de ce que je vis, il s’agissait d’un bric-à-brac assez
important. Nous nous dirigeâmes vers une porte intégrée à un mur en béton.
« - Laisse tes chaussures dehors.
Il n’aime pas quand on rentre avec. Dit-il avant de frapper à la porte.
- Ouais ? Fit une voix à l’intérieur.
- C’est Jocelin, je t’ai amené Lena.
- Ok, Vas-y, rentre. »
Je pénétrais ainsi pieds nus dans une
pièce en totale opposition avec l’ambiance de la cave : Les murs étaient
blancs et lisses. Un peu partout des affiches de films et de jeux vidéo assez
récents rendaient la pièce aussi attrayante qu’une chambre d’adolescent. Un peu
partout, sur les étagères souvent très ouvragées, trônaient des figurines de
personnages de manga ou les héros de jeux vidéo. Derrière, il y avait une
impressionnante quantité de livres, la plupart paraissaient vraiment vieux,
d’autres ressemblaient à des reproductions. Mais l’anachronisme, dans des
étagères finement ouvragées en bois n’était pas choquant.
Face à un ordinateur disposant de
quatre écrans, Ahmed nous regarda rentrer avec un grand sourire. Sur l’écran,
un jeu de tir à la première personne se déroulait. Le casque audio qu’Ahmed
avait autour du cou était pourvu d’un micro, et il crachait les bruits saccadés
d’armes à feu automatiques. J’entendis également « counter-terrorist wins »
avant qu’Ahmed ne se mette à parler dans le micro :
« - Bon, messieurs, je vous
laisse, j’ai du boulot là. Je reviens tout à l’heure… Non… Allez… ils ont
quatorze ans en face, vous devriez bien y arriver, non ?... Oui elle est
jolie, et oui t’es trop curieux ! Je déco. A plus !
- Je dérange ? Demandais-je, un peu gênée.
- Non, Répondit-il en quittant ses écouteurs et le jeu. Un thé
marocain ?
- Oui, pourquoi pas.
- Jocelin ?
- Vas-y. »
Ahmed se retourna et mit en marche une bouilloire
électrique. Puis il prépara une théière dans laquelle il mit du thé, des
feuilles de menthe d’un petit plant qui poussait sur le bureau, et du sucre. D’un
geste il me fit signe de m’asseoir sur le lit. Jocelin, lui, s’adossa au mur.
« - Alors, commença-t-il tandis
que j’observais la chambre, maintenant que vous avez pu constater que vous
étiez pourchassée et que vous aviez également des moyens de vous défendre,
est-ce que vous acceptez un peu mieux votre situation ?
- Ca ne va pas trop mal.
- Est-ce que cela vous intéresse d’en savoir un peu plus sur nos
‘’chasseurs’’ ?
- Bien sûr.
- Alors je vais commencer par les différents types de démons qui peuvent
te courir après. N’hésitez pas à me couper si vous avez des questions,
d’accord ? Bien, en premier lieu, il y a les démons mouchards, ce sont les
plus faibles de tous. Généralement, quand ils pénètrent dans notre monde, ils
s’emparent d’un objet mais ils ne peuvent pas interagir avec le monde extérieur…
- Quel est l’intérêt de venir alors ?
- Transmettre à leurs supérieurs nos emplacements, notre puissance, nous
manière de nous battre. En échange, ils auront droit à un morceau à manger.
- C’est immonde.
- Parce que le plat, c’est toi ! Mais si tu demandes à une vache ce
qu’elle pense du sel et du poivre, tu verras qu’elle aura la même réaction. Passons
à la suite. Les démons mineurs, eux, possèdent aussi un objet, mais à la
différence de leurs collègues, eux, peuvent se mouvoir.
- La gargouille. Précisa Jocelin.
- En effet, et c’est d’autant plus facile et puissant pour eux que
l’objet est ancien et chargé d’histoire. Et c’est paradoxal, mais c’est la même
chose pour les altérateurs : plus ils sont anciens et chargés d’histoire,
plus ils sont puissants.
- Mais… et mon taser ?
- Une erreur je pense. Où l’avez-vous acheté ?
- C’était une occasion, dans une boutique de self défense.
- Alors il y a de grandes chances pour qu’il ait déjà servi, et la
frappe qu’a fournit Alibaras l’a finalisé dans sa forme d’altérateur.
- Passe à la suite Ahmed s’il te plaît. Demanda Jocelin.
- Est-ce que vous suivez ?
Me demanda Ahmed.
- Ca va pour le moment répondis-je.
- Ok, les démons médians maintenant. Ce sont parmi les plus dangereux,
car ils sont capables de prendre possession d’un homme. Et plus cet homme a été
mauvais, plus il sera facile pour lui d’en prendre possession. Une fois fait, l’homme
n’a plus que l’apparence d’un être humain.
- Qu’arrive-t-il à son âme ?
- D’après toi ? Répondit Jocelin
- J’aimerais pouvoir te dire qu’elle est sauve, mais ce n’est pas le
cas.
- Hé bé ! Ce n’est pas brillant, même pour ceux qui n’ont rien à
voir dans l’histoire. Me permis-je de commenter.
- Non, et Alibaras est de ce niveau-là.
- Hé bah ! C’est bien ma veine.
- Attends, il y en a deux autres : le démon majeur et le prince
démon. Tous les deux peuvent intervenir dans notre monde de manière
personnifiée. Ils n’ont absolument pas besoin d’un réceptacle : leur
puissance est suffisante pour apparaître où ils le désirent, et quand ils le
désirent. Mais ils ne sont pas nombreux, une trentaine tout au plus.
- Heureusement qu’aucun d’eux ne nous pourchasse. Dis-je.
- T’as oublié Azraël. Corrigea Jocelin.
- Oui, celui-là est suffisamment fort pour savoir qu’il peut venir jusqu’ici
sans trop de risques.
- Un prince ou un majeur ? Demandais-je.
- Aucune idée, répondit Ahmed, mais une chose est sûre : il t’a
dans le collimateur.
- De toutes façons, Dès que ce sera possible, je l’emmène voir Marianne…
- Non ! Arrête ! J’ai rien dit la dernière fois, mais là, on
est à part. Elle va te tuer !
- On verra. Répondit-il nonchalamment.
- Jocelin, tu n’en a pas marre de jouer ta vie à la roulette russe ?
Tu as mis deux semaines à t’en remettre la dernière fois.
- Je dois être un peu maso.
- Elle est aussi terrible que ça, cette Marianne ? Interrogeais-je,
les coupant dans leur discussion animée.
- On verra quand tu seras capable de te défendre. D’ici là, c’est hors
sujet. »
2 commentaires:
la suite dans une semaine!!
marianne c'est l'ex à jocelin? ou bien un démon....
enfin bref je veux une suite!!!
C'est.... heu.... un peu plus compliqué.^^
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