Les deux jours qui suivirent furent
calmes. Je ne vis aucun démon, ni phénomène étrange d’aucune sorte. Mais dans
des situations fantastiques, on oublie rapidement le réel. Aussi, je
n’imaginais pas que le monde autour de notre petit groupe continuait de
tourner. J’étais en train de finir un rendez-vous avec un client qui tentait de
faire tourner son entreprise avec difficulté. Je finis notre conversation en le
ramenant vers la sortie, puis retournait dans la salle d’attente.
« - Mme… Bounakour ?
- Attends Lena, me dit Marine derrière moi, il y a eu une modification
de ton emploi du temps pour ces messieurs. L’affaire Bounakour est traité par
Yasmina, elle a dit que cela t’arrangerais.
- Ha ? Et c’est pour quelle affaire ? » Demandais-je en
voyant deux hommes se lever dans la salle d’attente pour venir vers moi. Le
premier était chauve avec une boucle d’oreille assez discrète, et portait un
bombers kaki avec de multiples écussons. Un pantalon en jean et une paire de
baskets blanche terminaient le style du personnage. Il était assez jeune, avec
des yeux verts qui paraissaient dur et froids. Le second un peu plus vieux, et portait
un ensemble en tissus beige, une chemise jaune, et des souliers de cuir marron.
Dans ses mains, correctement plié, un manteau de cuir brun. Il était mal rasé,
avec des cheveux noirs, hirsutes. Son regard était vide, presque implorant.
Malgré cela, ils avaient tous les deux des carrures de déménageurs. Et si celui
en costume brun n’avait pas commencé sa phrase de cette manière, je crois que
j’aurais tout de suite été cherché le taser.
« - Police nationale mademoiselle
Clanford. C’est au sujet de la plainte que vous avez déposée, concernant votre
agression. Et de ce qui s’est passé dans votre appartement. Il y a-t-il un
endroit où nous pouvons discuter tranquillement ? » Me demanda-il en
me tendant une carte de police.
Yasmina est une boss vraiment super,
mais là, pour le coup, elle ne m’arrangeait vraiment pas : J’avais
complètement oublié que j’avais porté plainte pour les deux incidents.
« - Allons dans mon bureau
voulez-vous ?
- Nous vous suivons mademoiselle. »
Nous arrivâmes rapidement à la pièce.
Et je refermais derrière mes deux invités.
« - Je vous en prie,
installez-vous. Dis-je en rangeant quelques documents qui traînaient sur mon
bureau.
- Merci mademoiselle. Je suis le lieutenant Franck Serain, et voici mon
équipier, le lieutenant Amory Marionni. Déclara celui en costume marron tandis
qu’ils s’installaient.
- En quoi puis-je vous aider messieurs ? Demandais-je en les
voyants sortir des calepins de leurs poches.
- Concernant votre agression, vous avez déclaré vous être réveillée dans
une maison en colocation proche du cimetière. Est-ce exact ?
- Oui.
- Est-ce que c’est là-bas que vous habitez actuellement ?
- Oui, pourquoi ?
- Parce que c’est bizarre : vous habitez du jour au lendemain avec
des gens que vous ne connaissiez pas la veille.
- Certains ont déjà été condamnés pour vandalisme, repris le policier au
Bombers, ce ne sont pas forcément des gens très fréquentables. Peut-être même
ont-ils un lien avec ce qui s’est passé dans votre appartement. Si des choses
illégales se déroulent là-bas, il faut nous mettre au courant, c’est la
meilleure manière pour nous permettre de vous aider.
- Il n’y a rien à dire. Ils sont gentils et m’ont proposé de m’héberger.
- Vraiment ?
- Mais qu’est-ce que vous croyez ? Que ce sont des escrocs ou des
adeptes de la scientologie ? Sincèrement, ce n’est vraiment pas leur
genre. »
Je venais de leur énoncer clairement ce
que j’avais soupçonné lors de ma première rencontre avec les habitants de la
petite collocation. J’étais devenue une âme brisée moi aussi, et, maintenant
que je connaissais la vérité, je pouvais évoquer les pire choses ‘’réalistes’’
tout en sachant qu’au mieux cela les découragerait, au pire, je suggérais une
fausse piste. Oui, je sais, ce n’est pas bien de mentir à la police, surtout
quand elle cherche à aider. Mais je n’avais pas le choix ; comme avec les
peluches qui avaient complètement ravagé mon appartement, la réalité était
beaucoup trop invraisemblable.
« - Je ne sais pas trop ce que je
dois penser de vos propos Mademoiselle Clanford. Mais je vous suggère vivement
de nous dire ce que vous savez sur les habitants de cette maison.
- Commencez par me dire ce qui s’est passé dans mon appartement.
- Pour le moment, nous ne savons pas.
- Quelque chose a explosé dans mon appartement et vous ignorez de quoi
il s’agit ?
- Ne vous inquiétez pas, nous finirons bien par savoir. Renchérit
Franck, dans son costume marron tandis que son collègue se levait pour faire
quelques pas dans le bureau. Je sais que cela n’a peut-être rien à voir avec
vous mais je tente quand même. Connaissez-vous cette personne ? »
Je pris le portrait photo qu’il me
tendait. Dessus, une jeune femme un peu maquillée souriait. Elle était blonde
avec des yeux marron clair. Vingt ans tout au plus.
« - Non, répondis-je, qui
est-ce ?
- Une disparue. Cela fait deux ou jours qu’elle ne donne plus aucun
signe de vie… »
Je n’aurais su le dire clairement,
mais, à ce moment précis, je sus qu’Alibaras ou Azraël était derrière cela.
Avec une nette préférence pour le premier. Et le destin qui était échu à cette
pauvre fille me semblait terrible. Au point que je murmurais le nom du démon tout
en retenant les insultes à son égard :
« - Alibaras…
- Pardon ? Demanda-t-il en se penchant vers moi.
- Rien. Comment s’appelle-t-elle ?
- Emilie Fronster, elle a vingt et un an.
- Elle a disparue en rentrant de son lycée…poursuivit son collègue en
face de mon armoire ouverte, Franck, viens voir ça s’il te plaît. »
Le lieutenant de police en costume se
leva pour rejoindre son collègue, qui lui montra un des classeurs dans le
meuble. Il se retourna ensuite vers moi, l’air ennuyé.
« - Est-ce que vous travaillez
pour le cabinet Hoppe ? »
Je peux vous assurer qu’intérieurement,
j’ai maudis et insulté Azraël de tous les noms possibles et imaginables.
J’aurais pu écrire en un dictionnaire ! Voir une encyclopédie
multi-tomes !
« - Le responsable m’a demandé de
m’occuper des comptes. Pourquoi ?
- C’est le cabinet qui est responsable de l’échec de la majorité de nos
enquêtes, répondit Amory toujours face à l’armoire. La plupart des types que
l’on arrive à chopper sont défendus par leurs avocats. Et ils trouvent toujours
une faille. Dans le milieu, il est ‘’le’’ cabinet d’avocat qui défend
correctement les criminels. Même s’il est excessivement cher, les résultats sont
là.
- Mademoiselle Clanford. Si ces gens en ont après vous, dites-moi où je
dois chercher, et je m’occupe du reste. Repris le lieutenant en costume. Ces
gens sont extrêmement dangereux, et leurs méthodes envers les femmes ne sont
pas différentes de celles utilisées pour les hommes.
- Je ne m’occupe que de la comptabilité.
- Bien sûr. Je comprends mademoiselle Clanford. Merci pour toutes ces
informations, nous allons vous laisser. Amory, on y va. »
Je raccompagnais mes deux visiteurs
jusqu’à l’entrée du petit bureau. Là, les lieutenants me remercièrent encore
une fois, et, que si jamais je me souvenais de quoi que ce soit, je pouvais le
joindre au poste de police de Noisy le grand. Les deux me laissèrent une carte
avec uniquement le nom et le numéro de téléphone. Je les vis discuter dehors,
devant notre petit cabinet avant de longer le trottoir.
Je n’avais aucune idée de comment cette
histoire allait finir. Il y avait eu des précédents avec la Brigade, et Azraël n’avait
pas arrangé les choses avec son cabinet d’avocat. Pourtant, tout cela passa
comme si de rien n’étais. La photo de la jeune fille était gravée dans ma
mémoire. Immédiatement, comme soufflé à mon oreille, une partie de ma
discussion d’avec le démon résonna à mes oreilles :
« - …Dites-moi, est-ce que vous lisez les
journaux ?
- Non. Mais
qu’est-ce que cela a à voir avec moi.
- Pas grand-chose
pour le moment, mais vous devriez vous y intéresser incessamment sous peu…. »
Je me précipitais sur mon ordinateur et
lançais une recherche sur les actualités nationales. Pour le coup, Google fut
mon ami. Je trouvais rapidement les pages nécessaires sur la disparition de la
jeune femme. Mais elles ne m’apprirent rien de plus que ce que le policier m’avait
dit : disparue sans laisser de traces. Un chien policier avait perdu sa
trace en plein milieu d’un escalier alors qu’elle rentrait chez elle.
Qu’est-ce qu’Alibaras ou Azraël
pouvaient bien avoir en tête… pour quelle raison cette femme avait-elle été
attaquée… N’étais-je pas leur cible après tout ? C’est vrai que c’était
triste pour elle, mais, d’un autre côté, j’étais plutôt contente qu’ils me
laissent en paix. Pourtant, j’étais persuadée qu’il y avait un lien entre elle
et moi. Lequel ? Je n’aurais pas pu le trouver à cette époque.
J’en vins à la conclusion qu’ils
avaient autre chose à faire avant de m’attraper. Et qu’il fallait absolument que
je puisse me défendre avant que mes ‘’chasseurs’’ ne s’occupent de moi. Sur le
moment, je n’avais que le fouet, et je devais m’entraîner avec. Je commençais
par chercher sur internet ce que cela donnait de savoir s’en servir correctement.
Ce fut assez impressionnant.
Mais lorsque je me mis à chercher des
cours, je compris que cela allait être plus ardu que prévu. En effet, je ne
sais pas si vous avez déjà essayé de trouver ce genre de choses, mais je suis
tombé, le plus souvent sur des articles pour soirées sadomasochistes. Finalement,
je trouvais un site qui vendait fouet et lassos pour cowboys et fans de madison.
Je commandais un fouet en cuir brun aussi long que celui crée par le taser,
ainsi que deux modes d’emploi, un pour débutant et l’autre en intermédiaire.
Livré dans quarante-huit heures à la colocation.
Mon achat effectué, je m’interrogeais
de nouveau sur ce qui s’était passé ce matin. Il était clair que la police soupçonnait
quelque chose, et je m’interrogeais intérieurement sur la meilleure manière de
les protéger de la vérité. Comment leur faire comprendre sans leur dire qu’il
valait mieux ne pas trop chercher.
Je ne trouvais aucune solution sur le
moment, et fini par me concentrer de nouveau sur mon travail. Comme Alphonse me
l’avait dit : « Etre une âme brisée et avoir des pouvoirs ne fait pas
bouillir la marmite. »
4 commentaires:
ouou je passe une mauvaise langue!! j'ai eu la suite deux jour après!!
un commentaire j'aime pas les types de la police...
sinon heu... UNE SUITE !!!(je sais c'est pas bien d'écrire en majuscule...)
Bonjour Atsu.
J'écris en fonction de mes disponibilités... alors c'est un peu chaotique question fréquence.
Sinon, pourquoi n'aimes-tu pas ces policier ? ils font leur boulot pourtant ?
je sais pas c'est l'expression qui me laisse et voilà je les aime pas.
Enregistrer un commentaire